
Litige avec un artisan : que faire
Régler à l’amiable un litige avec un artisan désagréable: Un petit secret conforme à vos intérêts
Etre victorieux dans tous les combats n’est pas le fin du fin ; soumettre l’ennemi sans croiser le fer, voilà le fin du fin
Vous savez qui a dit ça? c’est lui (en gros sur la photo).
Et vu que ce Monsieur s’est carrément payé le culot d’envahir une partie de la Chine je pense qu’il connaissait son affaire.
Et vous savez ce qu’il aurait dit Sun Tzu (c’est son nom) si vous lui aviez raconté que la moquette posée par votre artisan commençait déjà à se décoller alors que l’odeur de ses gitanes sans filtres planaient encore chez vous ou que la peinture fraichement posée ressemblait à mon gros doigt de pied après un marathon?
Il vous aurait dit de se mettre à la place de l’adversaire.
Et moi, je vous le confirme (mais quand c’est SunTzu qui le dit, ça a plus d’allure, oui c’est vrai, je vous le concède).
De nombreux litiges trouvent leur source dans l’égo:
« J’ai pas aimé quand il m’a dit ça ».
Combien de fois n’ai-je pas entendu cette petite phrase (plutôt masculine) au détour d’un entretien.
Force est de constater qu’elle revient souvent quand on aborde les litiges artisan-consommateur.
Et en face, on a un artisan, qui a, lui aussi, a des arguments à faire valoir: En vrac on retrouve:
- L’impression de passer trop de temps sur un chantier pas rentable,
- L’impression qu’on abuse de lui et qu’on « chipote »,
- L’impression de se faire harceler…
Comprendre les motifs du professionnel est le premier exercice à réaliser afin de régler à l’amiable un conflit.
Alors certes, vous pouvez envoyer une (ou plusieurs) mises en demeure.
Mais comprenez que recevoir un courrier dans lequel on se voit reprocher d’avoir mal travaillé, avant de se voir ordonner de venir tout refaire fissa ne peut se concevoir que lorsque le dialogue a échoué et qu’on envisage déjà la suite (judiciaire).
Par ailleurs, lorsque les tensions sont fortes, le professionnel se dispense souvent de récupérer les courriers recommandés lorsqu’il SUPPOSE qui est l’expéditeur.
Juridiquement, cela ne change rien (du tout1Cour de cassation 30 novembre 1972 Pourvoi n° 71-13.401) pour lui.
Donc, essayer de comprendre, essayer de s’entendre, et garder en tête que le but de la manœuvre n’est pas de saisir le tribunal, mais d’avoir une belle plomberie en état de marche, le tout en conservant sa tension à 12 si possible, (ce qui est -très- important) reste toujours, in fine dans votre intérêt.
Le conciliateur est de toute façon une étape quasi-obligatoire, donc autant anticiper et s’économiser, lorsque cela reste envisageable, une procédure énergivore et chronophage.

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Ainsi, on tente de trouver un compromis (acceptable) et on détermine dans le tréfond de son cœur les points sur lesquels on pourrait lâcher du lest (une petite rallonge?) et on tente le SMS de la dernière chance (on évite les pavés) pour le convaincre:
- Que vous êtes prêt.e à faire un (petit) effort (on commence toujours par un petit bonbon),
- Que vous êtes déterminé.e à aller plus loin en cas de refus
- Qu’aller plus loin ne serait dans l’intérêt de personne (et surtout pas du sien).
Naturellement, si le professionnel est clairement de mauvaise foi, insultant, menaçant, intimidant ou exige l’impensable etc.., embrayez et passez la seconde (le recommandé).
Vérifiez quand même sur Infogreffe si l’artisan ne fait pas l’objet d’une procédure collective et/ou s’est mis en cessation de paiement ou en dépôt de bilan. ⇒Si c’est le cas suivez le guide ici.
Dernier point (et non des moindres): Si vous avez arrêté de le payer, sachez qu’il existe des règles.
Ces règles sont précisées à l’article 1220 du Code civil.
Vous ne pouvez pas, en effet, interrompre le paiement à tort et à travers et ce, même si vos motifs sont bien réels.
Il y a en effet deux conditions:
- Condition n° 1: Un courrier recommandé doit être envoyé AVANT pour notifier à votre artisan qu’à défaut pour lui de respecter ses obligations, la sanction sera sans appel (la suspension du paiement du solde).
- Condition n° 2: Ce que vous lui reprochez (l’inexécution ou la mauvaise exécution du contrat ainsi que les conséquences qu’elles entrainent pour vous) doivent être suffisamment graves pour justifier la suspension du paiement.
Si le litige va jusqu’au juge, c’est lui qui appréciera si la suspension du paiement a été disproportionnée.
S’il ne reste qu’une somme modeste à payer et que l’artisan préfère la perdre plutôt que vous revoir, sachez qu’il existe d’autres sanctions à mettre en œuvre: Demander des dommages-intérêts, faire exécuter les travaux en lieu et place de l’artisan (et à ses frais) …
Que la force (et le calme) soit avec vous♥.